La physiologie digestive du cheval.

10.10.2025 -

Le cheval est un herbivore. Son régime alimentaire à l’état naturel est principalement constitué de fourrages, ce qui suffit à couvrir ses besoins. Avec le mode d’élevage actuel, notamment chez le cheval athlète, la nutrition du cheval a évolué. Afin de bien comprendre comment nourrir son cheval, il est important de connaître le fonctionnement de son système digestif. 

GIBSON RIVERS fait le point sur les prérequis de la physiologie digestive chez le cheval. 

 

Sommaire

-  Généralités sur le système digestif du cheval. 

-  Détails de l’appareil digestif du cheval et de la digestion des aliments. 

 

Généralités sur le système digestif du cheval. 

Le cheval est un mammifère monogastrique, c’est-à-dire qu’il possède un seul estomac de petite taille et un long intestin grêle (cf. Schéma 1). Cette physiologie est adaptée à une alimentation en continu, tout au long de la journée et par petites quantités pour avoir une digestion optimale. A l’état naturel, le cheval passe environ 15 heures par jour à brouter l’herbe. 

Le cheval possède une grande capacité d’ingestion contrairement aux ruminants, expliquée par le fait qu’il est capable de digérer les fibres seulement dans le gros intestin. La ration est moins bien valorisée et il faut une plus grande quantité d’aliments au cheval pour avoir les nutriments nécessaires. La digestion du cheval est donc moins efficace que celle des ruminants. 

La digestion chez le cheval - MonChval'Mag
Schéma 1 : Schéma simplifié du système digestif du cheval (Source : illustration-medicale.org) 

 

Détails de l’appareil digestif du cheval et de la digestion des aliments. 

 

La bouche : préhension de l’aliment et préparation du bol alimentaire. 

La bouche correspond au premier compartiment de l’appareil digestif du cheval. Elle assure quatre grandes fonctions : 

  • La préhension des aliments, grâce aux lèvres et aux vibrisses qui permettent de faire le tri, ainsi qu’aux incisives qui permettent de couper l’herbe. 
  • La mastication, grâce à la table dentaire du cheval (principalement aux molaires et prémolaires) et aux puissantes mâchoires. Cela permet un broyage mécanique des aliments. 
  • L’insalivation, stimulée par la mastication et grâce aux glandes salivaires qui produisent la salive. Cela permet de faciliter la déglutition et de commencer la digestion de l’amidon grâce à la présence de l’enzyme digestive α-amylase. La sécrétion de salive permet également de réguler le pH de l’estomac par son rôle de tampon. 
  • La déglutition, grâce au voile du palais développé du cheval et qui permet le passage du bol alimentaire dans l’œsophage. 

Quelques chiffres : 

  • 1 kg de foin :  
    • 3 000 coups de mâchoire pour une mastication de 40 minutes.
    • 4 litres de salive. 
  • 1 kg de granulés : 
    • 1 000 coups de mâchoire pour une mastication de 10 minutes. 
    • 2 litres de salive. 

 

L’œsophage : lieu de transit du bol alimentaire. 

L’œsophage mesure entre 120 et 150 cm de long et permet le transport du bol alimentaire jusqu’à l’estomac. Il est délimité par deux sphincters qui ouvrent et ferment le conduit. C’est uniquement un lieu de transit : aucune absorption ou sécrétion n’a lieu dans l’œsophage. 

 

L’estomac : début de la digestion des aliments. 

L’estomac du cheval est de petite taille et possède un volume de 15 à 18 L mais ne se remplit qu’aux 2/3 pendant la digestion (10/12 L). Il représente 8 % du volume du tube digestif total.  

L’estomac est divisé en deux parties (cf. Schéma 2) : 

  • La muqueuse squameuse (ou non glandulaire) : c’est la partie haute de l’estomac. Elle est caractérisée par une muqueuse squameuse dépourvue de mucus protecteur. Son pH est relativement neutre (entre 5 et 7). 
  • La muqueuse glandulaire : c’est la partie basse de l’estomac. Elle se caractérise par la présence de glandes gastriques et de cellules sécrétrices de mucus et de bicarbonate. Son pH est acide (entre 1 et 2). 

 

digestion

Schéma 2 : Anatomie simplifiée de l’estomac du cheval (source : IFCE) 

 

La vidange de l’estomac se fait au fur et à mesure de l’arrivée des aliments. Sa petite contenance en fait un organe adapté à l’ingestion de petits repas avec un temps de transit court. Le temps de séjour du bol alimentaire varie en fonction du type d’aliment : les aliments riches en amidon et autres glucides rapidement fermentescibles restent plus longtemps (8 h en moyenne) que de l’herbe fraîche ou d’autres fourrages par exemple (2 h en moyenne). 

L’estomac permet une prédigestion du bol alimentaire avant le passage dans l’intestin mais elle reste assez limitée. La digestion des protéines est entamée grâce à la production de suc gastrique et notamment d’acide chlorhydrique qui acidifie le milieu et permet l’activation de la pepsine (enzyme digestive) qui débute la digestion des protéines.  

La flore bactérienne de l’estomac permet d’amorcer la digestion des glucides et de l’amidon (présence de bactéries amylolytiques qui dégradent l’amidon et de bactéries utilisatrices de lactate qui dégradent les glucides par fermentation). Toutefois, aucune digestion des fibres n’est entamée dans l’estomac. 

 

L’intestin grêle (ou petit intestin) : siège de la digestion enzymatique 

L’intestin grêle du cheval mesure environ 25 m de long pour un volume d’environ 70 L. Il représente 30 % du volume total du tube digestif. Il est formé de trois parties :  

  • Le duodénum,
  • Le jéjunum, partie centrale d’environ 23 m,
  • L’iléon, fin de l’intestin grêle (0,7 m environ).

Sa muqueuse se caractérise par de nombreuses microvillosités qui permettent l’absorption des nutriments issus des digestions qui siègent dans l’intestin grêle. Elles permettent notamment l’absorption des minéraux et des vitamines. 

L’intestin grêle est caractérisé par une forte activité enzymatique grâce à la sécrétion de nombreuses enzymes digestives sécrétées par le foie, le pancréas ainsi que par l’intestin lui-même. Ces sécrétions permettent la digestion des protéines, des glucides et des lipides. La digestion de l’amidon dépend de son origine et des traitements technologiques qu’il aura subis (ex : floconnage, cuisson, etc.). Le temps de transit du bol alimentaire est relativement court (3 à 4 heures en moyenne). Comme dans l’estomac, plus l’aliment est riche en amidon, plus le temps de séjour sera long. Le fractionnement des repas permet donc d’optimiser l’efficacité de la digestion.  Les fibres ne sont toujours pas digérées dans cette partie de l’intestin. 

 

Le gros intestin : site de digestion des fibres. 

C’est l’organe le plus volumineux. Il représente 60 % du volume total du tube digestif. Il est composé de 3 parties : 

  • Le caecum : il mesure environ 1,20 m de long pour un volume de 30 L.  
  • Le côlon : il mesure 6 à 8 m de long pour un volume de 100 L. 
  • Le rectum : il correspond à la partie terminale du système digestif par laquelle les crottins sont évacués. 

Le gros intestin possède une flore microbienne très importante (bactéries, protozoaires, champignons, etc.) appelée le microbiote. Le microbiote permet de transformer, par fermentation, les résidus des digestions enzymatiques précédemment réalisées en éléments nutritifs assimilables. C’est grâce à cette flore que les fibres sont digérées dans le gros intestin (bactéries cellulolytiques). Cette digestion des fibres permet de produire les acides gras volatils (AGV) qui sont une source importante d’énergie pour le cheval, jusqu’à 70 % de ses besoins 

La dégradation des protéines résiduelles non-assimilables a aussi lieu dans le gros intestin. Elles sont dégradées sous forme d’ammoniac et évacuées comme déchet toxique dans le cycle de l’urée.  C’est aussi dans le gros intestin que sont synthétisées les vitamines du groupe B et la vitamine K. Enfin, le gros intestin et notamment le colon, est le lieu de réabsorption d’eau. 

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Sources :   
  • Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quae.  
  • NRC (Comittee on Nutrient Requirements of Hors), 2007. Nutrient Requirement of Horses : Sixth Revised Edition. 6ème edition. Washington, D.C. : The National Academies Press.  
  • Genoux, N.. et al. 2022. 
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