Minéralisation de l’alimentation du cheval

10.11.2023 -

Les minéraux et les vitamines sont des composants essentiels au bon fonctionnement et à la bonne santé du cheval. Il est indispensable de maitriser leur apport et leur équilibre dans l’alimentation.  

En effet, un déficit ou un excès peuvent avoir des conséquences néfastes sur l’organisme. GIBSON RIVERS vous propose de faire le point sur l’importance des besoins en minéraux et vitamines chez le cheval. 

 

Sommaire :

LES PRINCIPAUX MINÉRAUX ET LEURS RÔLES CHEZ LE CHEVAL
 - Les macro-éléments
 - Les oligo-éléments 
- Les principales vitamines et leurs rôles 
 - Les conseils de GIBSON RIVERS  - Bien maîtriser l’apport des minéraux et des vitamines. 

 

 

Les principaux minéraux et leurs rôles chez le cheval 

 

Les minéraux sont des composants essentiels pour l’organisme. Ils jouent de nombreux rôles dans les différentes fonctions physiologiques mais aussi comme composants structuraux (ex : dans les os). Les besoins en minéraux sont variables d’un individu à l’autre, en fonction de son stade physiologique (gestation, lactation, croissance) et de l’intensité de son travail. 

 

On en distingue deux types : 

  • Les macro-éléments ou éléments principaux, qui sont en grandes proportions dans l’organisme tels que le calcium, le phosphore, le magnésium, etc. (exprimés en grammes) 
  • Les oligo-éléments ou éléments traces, qui sont présents en très petite quantité mais tout aussi essentiels tels que le fer, le cuivre, le zinc etc. (exprimés en milligrammes ou parties par million : ppm) 

 

Les macro-éléments 

 

Le calcium (Ca) et le phosphore (P) 

Ces deux composants sont essentiels dans le développement osseux et la robustesse du squelette (99% du calcium se trouve dans les os et les dents, 89% pour le phosphore). 

Le phosphore a également un rôle dans le transfert de l’énergie, la contraction musculaire, l’influx nerveux, le transport d’oxygène ou d’électrolytes, etc. C'est l’un des éléments majeurs nécessaire au cheval athlète.  

Le calcium assure la contraction musculaire, la coagulation sanguine et les transmissions neurologiques. 

Recommandations : 

  • Calcium : 2 à 4.6 g/kg de MS (matière sèche) 

  • Phosphore : 1.6 à 4.4 g/kg de MS 

 

Pendant la gestation, la lactation ou la croissance, les besoins en calcium et phosphore sont multipliés par 1.5 à 2.5. 

Pour assurer le bon fonctionnement de l’organisme, il faut vérifier le rapport phosphocalcique (Ca/P). Il doit être compris entre 1.5 et 2.5 en fonction du stade physiologique :  

  • 1.5 à 1.8 pour un cheval à l’entretien et en reproduction  
  • 1.8 à 2 pour un cheval en croissance et/ou au travail 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

 

Un excès de phosphore, en particulier celui contenu dans les céréales (phytique) peut provoquer une fragilisation des os car il diminue l’absorption du calcium dans l’intestin grêle, par la compétition entre minéraux. 

 

Si le rapport Ca/P est inférieur à 3, les excès de calcium ont peu d’impact sur le cheval. Chez le jeune, ils peuvent tout de même entrainer des lésions type ostéochondrose s'il est associé à des rations impliquant des pics glycémiques importants. 

Une carence en calcium, chez les jeunes, peut entraîner un retard de croissance, des déformations articulaires, des boiteries ou du rachitisme. 

Un déséquilibre du rapport Ca/P, souvent lié à l’utilisation de céréales seules, peut entraîner de l’ostéofibrose menant à une fragilisation du squelette, des fractures, des suros etc. 

 

Le magnésium (Mg) 

Le magnésium joue un rôle dans une grande partie des fonctions physiologiques : il participe au fonctionnement du système ostéoarticulaire et neuro-musculaire, il stimule les défenses immunitaires, il atténue les réactions inflammatoires et allergiques, stimule le système immunitaire, et participe aux métabolismes des lipides, glucides et protides, etc. Il intervient dans plus de 300 réactions enzymatiques. 

Recommandations : 0.7 à 1.1 g/kg de MS. 

Pour un cheval de 500 kg, 10 g par jour et jusqu’à 20 g par jour chez les chevaux au travail intensif, peu importe le stade physiologique. 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Il y a rarement des carences en magnésium, les quantités nécessaires se trouvant à disposition dans l’alimentation, surtout dans les fourrages (sauf dans l’herbe jeune). 
Les besoins peuvent être augmentés en cas de ration excédentaire en calcium qui impacte l’absorption du magnésium dans l’intestin grêle. Les rations enrichies en matières grasses rendent le magnésium indigeste. Dans les rations hyper azotées, le magnésium est utilisé pour faire face à la toxicité du magnésium sanguin. 

 

Le sodium (Na) 

Le sodium régule les mouvements de l’eau dans l’organisme, l’équilibre électrolytique et acidobasique. 
Recommandations : 1.2 à 3.3 g/kg de MS 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Globalement, la consommation est autorégulée par le cheval directement. Rares sont les carences ou les excès. A noter : le sodium se perd de façon importante dans la sueur lors d’un effort et sa teneur est naturellement très faible dans les aliments, d’où l’intérêt des blocs à lécher.  
Nous recommandons de ne pas forcer l’ingestion de sel et de laisser des blocs de sel en libre-service aux chevaux.  

 

Le potassium (K) 

Le potassium joue un rôle dans la contraction musculaire. 
Recommandations : 1.4 à 5 g/kg de MS 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Peu de carence en potassium, les quantités nécessaires sont présentes dans l’alimentation, surtout dans les fourrages. 

 

Le soufre (S) 

Le soufre joue majoritairement un rôle dans la synthèse des hormones et des vitamines. 
Recommandations : 1 à 1.5 g/kg de MS 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Peu de carence en potassium, les quantités nécessaires sont présentes dans l’alimentation, surtout dans les fourrages. 

 

 

 

Les oligo-éléments 

Les besoins en oligo-éléments sont moins bien étudiés que les macro-éléments chez le cheval. Les recommandations annoncées pour les besoins sont faites d’après les rations étudiées dans un cadre d’essai scientifique et les observations menées sur d’autres espèces. 
 

Le cuivre (Cu) et le Zinc (Zn) 

Le cuivre joue un rôle dans la pousse des poils et des phanères, la synthèse des fibres d’élastine, la prévention des troubles osseux tels que l’ostéochondrose et c’est un facteur antianémique. 

Le zinc joue un rôle dans l’ossification et la croissance, le développement du système immunitaire, les fonctions reproductives, la production de corne et l’intégrité de la peau et autres téguments. 

Recommandations :  

  • Cuivre : 25 mg/kg de MS 

  • Zinc : 80 à 100 mg/kg de MS 

Il est nécessaire de vérifier l’équilibre Cu/Zn : il doit être de 0.25 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Les fourrages sont très pauvres en zinc et en cuivre. Il est primordial d’éviter les carences chez le jeune en croissance et les juments en fin de gestation (importance pour le fœtus). 

Malgré des apports suffisants dans la ration, le cuivre peut être bloqué par des excès d’autres minéraux entraînant une carence. Il faut bien suivre toutes les recommandations pour l’éviter. 

 

Le Fer (Fe) 

Le fer est un des constituants majeurs de l’hémoglobine et de la myoglobine. Il contribue au transport de l’oxygène et est d’une importance capitale lors de l’effort musculaire. 
Recommandations : 50 à 100 mg/kg de MS. 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Les carences en fer sont rares chez le cheval, les fourrages sont souvent très riches. 

Néanmoins, vigilance aux excès, souvent liés aux supplémentations abusives des chevaux athlètes. Un excès en fer limite l’assimilation du zinc et du cuivre et peut être toxique. 

 

Le Manganèse (Mn) 

Le manganèse joue un rôle dans la fertilité et le développement osseux. 

Recommandations : 40 à 50 mg/kg de MS 

Pour les jeunes en croissance, la quantité peut aller jusqu’à 80 mg/kg de MS. 

 
Impact des carences et/ou des excès : 

Peu de carence en manganèse, les quantités nécessaires sont présentes dans l’alimentation. Néanmoins, veiller aux excès de calcium, pouvant impacter l’assimilation en manganèse.  

 

Le Sélénium (Se) 

Le sélénium est un anti-oxydant qui joue un rôle dans la croissance, la reproduction, la réponse immunitaire et le maintien de l’intégrité cellulaire. Associé à la vitamine E, il protège toutes les cellules : les cellules musculaires contre les « coups de sang », les globules rouges contre l’hémolyse (ou destruction cellulaire), les capillaires contre les œdèmes et les microhémorragies. 

Il peut être apporté dans l’alimentation sous forme inorganique via le sélénite de sodium (assez peu assimilable) ou sous forme organique via des levures séléniées (ou enrichies en sélénium). 

Recommandations : 0.1 à 0.2 mg/kg de MS 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Les fourrages ont des valeurs très faibles en sélénium, il est possible d’avoir une carence. Elle peut entrainer des lésions tissulaires au niveau musculaire et/ou respiratoire, et lié au développement d’une myopathie chez le poulain sous la mère. 

Une intoxication, à la suite d’un excès de sélénium, est possible si la dose dépasse 30 mg de sélénium par jour pour un cheval consommant 10 kg de MS. 

 

Nous faisons le choix d’apporter à minima 50% de sélénium organique dans nos aliments, pour palier au risque de toxicité et pour ses vertus antioxydantes supérieures.  

 

L’Iode (I) 

L’iode joue un rôle dans la synthèse d’hormones thyroïdiennes participant aux fonctions de reproduction, de croissance et participant à la régulation thermique. 

Recommandations : 0.1 à 0.2 mg/kg de MS 

La demande peut évoluer en hiver, avec l’augmentation du métabolisme et la sécrétion de thyroxine (hormone thyroïdienne) pour lutter contre le froid. 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Il est conseillé d’apporter de l’iode dans la ration des juments en fin de gestation pour éviter des problèmes chez le nouveau-né.  

Le cheval est très sensible aux excès d’iode. Une dose de 50 mg d’iode par jour, pour un cheval consommant 10 kg de MS, devient toxique. 

 

Le Cobalt (Co) 

Le cobalt est un des constituants de la vitamine B12 et joue un rôle dans le métabolisme de la flore digestive. 

Recommandations : 0.1 à 0.2 mg/kg de MS 

 

Impact des carences et/ou des excès : 

Pas de preuve de l’existence de carence possible en cobalt chez le cheval et les apports sont largement couverts par l’apport du fourrage 

 

Photo proposée au-dessus pas utilisée comme photo principale pour couper un peu l’article 

 

 

Les principales vitamines et leurs rôles  

 

Les vitamines, comme les minéraux, sont essentielles dans le bon fonctionnement de l’organisme. Les besoins en vitamines majeures A, D, E et K sont connus chez le cheval (vitamines liposolubles). Pour les vitamines hydrosolubles (vitamines B et C), les besoins et les exigences restent hypothétiques. 
Les deux catégories doivent être apportées par la ration puisqu’elles ne sont pas synthétisées par le cheval, sauf pour les vitamines B et D. 

 

Vitamine A 

La vitamine A joue un rôle dans la synthèse des protéines, d’enzymes et d’hormones, dans le développement des tissus notamment le squelette, dans l’immunité, dans les fonctions reproductrices et de la vision.  

Recommandations : 5 000 à 10 000 UI (unité internationale) par 100 kg de poids vif/jour.  

Pour un cheval de 500 kg, 25 000 à 50 000 UI par jour. 

Chez les étalons, pour augmenter la fertilité et chez les jeunes en croissance, une supplémentation renforcée peut être effectuée. 

Au-dessus de 100 fois les besoins, les excès de vitamine A sont inutiles et peuvent devenir dangereux. 

 

Sources : Les fourrages verts via le ß-carotène permettent la synthèse de vitamine A. Toutefois, des carences fréquentes sont observées en fin d’hiver, avec des fourrages appauvris à cause du jaunissement. Les carottes, la luzerne déshydratée ou les vitamines de synthèse peuvent permettre d’éviter ces carences de fin d’hiver. 

 

Vitamine D 

La vitamine D joue un rôle dans la formation des os et la fixation du calcium. 

Recommandations : 1 000 à 2 000 UI par 100 kg de poids vif/jour 

Chez le cheval à l’entrainement, l’apport de vitamine D peut être renforcé pour soutenir son ossature. 

Un excès peut aggraver les lésions osseuses et la calcification des tissus mous (hypervitaminose). 

Il faut veiller à ce que le rapport Vitamine A/Vitamine D se situe entre 0.1 et 0.2. 

 

Sources : La vitamine D2 se trouve dans les fourrages séchés type foin. Si le foin n’est pas de bonne qualité, il est nécessaire de l’apporter par l’aliment. Par ailleurs, le cheval synthétise lui-même la vitamine D lorsqu’il est au soleil. 

 

Vitamine E 

La vitamine E est le principal anti-oxydant naturel. Elle joue un rôle dans la croissance du poulain, l’intégrité musculaire (avec le sélénium), la reproduction et la protection de l’organisme. 

Recommandations : 10 à 20 UI par 100 kg de poids vif/jour 

Les besoins augmentent lorsque le travail du cheval est intensif. 

 

Sources : Elle est présente dans l’herbe jeune et les huiles végétales. 

 

Vitamine K 

Le rôle principal de la vitamine K participe à la coagulation sanguine. 

Recommandations : 1 mg/jour pour un cheval de 500kg. 

Le travail intensif peut fragiliser le microbiote digestif. Le conseil est d’augmenter de 2 à 3 mg par 100 kg de poids vif/jour. 

Il faut veiller à ne pas supplémenter de façon abusive les rations en vitamine K (risque de lésions rénales). 

 

Sources : La vitamine K est synthétisée de façon abondante par la microflore du système digestif. Les fourrages en sont assez bien pourvus, aussi les carences sont rares. 

Attention toutefois à la distribution de fourrages moisis qui peuvent provoquer une forte carence. 

 

Vitamine B (hydrosoluble) 

Chaque vitamine du groupe B a un rôle crucial pour l’organisme. 
  • Vitamine B1 (thiamine) : métabolisme des glucides 

  • Vitamine B2 (riboflavine) : métabolisme des glucides et des lipides 

  • Vitamine B3 (niacine) : métabolisme énergétique 

  • Vitamine B5 (acide pantothénique) : régénérations des poils, des phanères et des crins 
  • Vitamine B6 (pyridoxine) : métabolisme des protéines et des acides aminés 
  • Vitamine B8 (biotine) : croissance de la corne (avec une dose de 10 à 30 mg/j) et métabolisme des glucides 
  • Vitamine B9 (acide folique) : antianémique (régénération et maturation des globules rouges) 
  • Vitamine B12 (cyanocobalamine) : formation des globules rouges 

 

Sources et recommandations : les vitamines sont produites en bonne quantité par la flore du colon et du caecum lorsque les apports de fourrages sont suffisants. Pour mémoire, elles sont présentes naturellement dans les fourrages verts, les céréales et les probiotiques. 

Les aliments concentrés peuvent être supplémentés pour les chevaux au travail intensif et pour lesquels l’effort musculaire est important. 

Si l’aliment complet a un taux de cellulose inférieur à 10%, il est nécessaire de supplémenter en vitamine B12. 

 

Vitamine C (hydrosoluble) 

La vitamine C intervient dans plus de 100 processus de l’organisme. Elle influe sur le maintien de la fonction immunitaire, la formation du collagène et des globules rouges, l’absorption du fer et la cicatrisation des plaies. Elle joue aussi le rôle d’anti-oxydant et aide à recycler la vitamine E. 

 

Recommandationset sources : synthétisée par le cheval, ses besoins sont autosuffisants. Une supplémentation est recommandée pour les chevaux au travail intensif, pour profiter de la vitamine C dans le métabolisme. 

 

 

Les conseils de GIBSON RIVERS  
Bien maîtriser l’apport des minéraux et des vitamines. 

 

Les équilibres minéraux et vitaminiques doivent être contrôlés pour le bon fonctionnement de l’organisme. Un excès ou un déficit peuvent être néfastes, voire toxiques. 

Une complémentation minérale et vitaminique est indispensable. 

Au cœur des fourrages, les teneurs en minéraux sont variables et sont définis selon : 

  • Des facteurs externes (climat, sol, etc.) 

  • Des facteurs liés aux plantes présentes dans le fourrage (variétés, espèces, stades) 

  • Des différences de cultures (fumure, amendement) 

 

Si votre cheval ne reçoit qu’une ration à base de produits « naturels » type fourrages ou fourrages + céréales, il faut distribuer un complément minéral et vitaminé (CMV). Il est choisi selon la ration, les besoins de votre cheval (âge, stade physiologique, activité) et de la qualité du fourrage qu’il reçoit. 

 

Dans le cas où votre cheval reçoit des aliments concentrés, les vitamines et les minéraux sont souvent incorporés directement dans l’aliment grâce à des additifs. Il est important d’être vigilant sur les recommandations de distribution de l’aliment, transmises par GIBSON RIVERS. 

 

Si votre cheval reçoit de l’aliment concentré, à des quantités moindres que celle indiquées (fourrages riches, etc.), les besoins ne seront pas couverts à 100 %. Il est nécessaire d’utiliser un CMV supplémentaire pour compléter les besoins minéraux et vitaminiques. 

 

Il est recommandé de laisser à disposition et en continu une pierre à sel blanche pour les apports de sodium. 

 

 

Sources :   

Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quae. 

NRC (Comittee on Nutrient Requirements of Hors), 2007. Nutrient Requirement of Horses : Sixth Revised Edition. 6ème edition. Washington, D.C. : The National Academies Press. 

 

 

 
 
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